Un certain jour de décembre, consacré aux mystères de la Bona Dea, de la Bonne Déesse, les dames des meilleures familles s'étaient réunies dans la maison de César, qui se trouvait alors Grand Pontife, pour y célébrer les rites secrets rigoureusement interdits aux hommes. Or, on avait surpris un individu venu là frauduleusement sous un travesti féminin. Il avait pu s'échapper de justesse, mais on sut tout de suite qu'il s'agissait d'un certain Clodius, qui passait pour l'amant de Pompeia, la seconde femme de César, et qui avait inventé ce moyen risqué de rejoindre sa maîtresse trop bien surveillée d'ordinaire.
Cet intéressant jeune homme était un aristocrate qui avait changé en Clodius son illustre patronyme de Claudius, pour faire peuple, car il penchait dans cette direction. Le scandale fut énorme.
Un procès s'ensuivit. César en profita pour congédier Pompeia, car la femme de César ne doit pas même être soupçonnée — le mot est de lui —, et Clodius sollicita le témoignage de Cicéron pour confirmer l'alibi qu'il s'était fabriqué. Cicéron s'y refusa, se faisant de Clodius un ennemi mortel. Le jeune homme fut d'ailleurs acquitté, grâce à César, dans des conditions franchement suspectes. Mais César ne regardait pas à être cocu, dès lors que l'intéressé pouvait servir ses desseins politiques, ce qui était le cas.